Recommandations juillet/août 2020

L’été est enfin arrivé ! Et quoi de mieux que de se poser à la plage ou dans un jardin sous le soleil, avec une boisson bien fraîche dans une main et un livre dans l’autre ? Pour ma part, passer du temps dans un espace vert et reposant en compagnie d’un bon livre fait partie de mes petites habitudes estivales. Cela me permet de quitter les petits tracas du quotidien pour me ressourcer un peu. Et si vous aussi la lecture vous procure des moments de détente mais que vous êtes en panne d’inspiration, ce petit article est pour vous !

Marie-Thérèse Haudebourg, Les jardins du Moyen Âge

Dernièrement, le livre qui m’a accompagnée dans ces moments de repos est Les jardins du Moyen Âge, de Marie-Thérèse Haudebourg. Ce fut une belle découverte : des jardins des monastères aux jardins de cours, l’auteur fait le tour de la définition du jardin à l’époque médiévale, sans oublier d’évoquer l’origine antique de certaines traditions en la matière (ce qui ne manque pas d’enrichir encore plus le contenu !).

Les-jardins-du-Moyen-Age

Je vous partage le sommaire qui permet d’avoir un rapide aperçu du contenu du livre :

SOMMAIRE

Première partie : Jardins monastiques

Chapitre 1. Ora : les jardins de la prière

Chapitre 2. Labora

Deuxième partie : Jardins profanes

Chapitre 1. Le jardin des troubadours : l’amour et le pouvoir

Chapitre 2. Les jardins seigneuriaux et le verger d’amour

Je pense que le sommaire est suffisamment parlant pour m’éviter la tâche de résumer le livre en quelques lignes, ce qui me permet de passer davantage de temps sur les différents éléments du livre qui m’ont vraiment plu. Le premier point intéressant à soulever, à mon sens, est que l’auteur parle autant de l’espace physique du jardin que de la conception philosophique et spirituelle de cet espace : tout comme l’âge d’or, le paradis renvoie à la figuration d’un jardin. Le terme même de paradis, en hébreu pardès comme en grec paradeisos, signifie d’ailleurs « jardin verger ». Comme le souligne l’auteur, le mythe du premier jardin tire ses racines des anciennes civilisations de la Méditerranée orientale pour lesquelles ces espaces verts avaient une place de premier ordre dans leur conception du monde. En parlant des lieux désertiques où s’est développée la civilisation perse, Marie-Thérèse Haudebourg explique que l’image du bonheur y était associée à celle d’une oasis où l’eau qui coulait sur des terres fleuries engendrait la vie :

« Peuplés d’animaux exotiques et d’arbres extraordinaires ramenés d’expéditions lointaines, ornés de marbres, de fontaines où l’eau coulait d’abondance, les jardins créés par les rois manifestaient leur puissance quasi divine de monarques capables de vaincre l’hostilité du désert ».

La Bible fait également allusion à une terre fertile et fleurie irriguée par un fleuve, ce que n’ignore pas les hommes du Moyen Âge : outre la place importante accordée au pouvoir de l’eau, l’Ancien Testament indique que le fleuve d’Eden se divise en quatre branches le Gange, le Nil, le Tigre et l’Euphrate – que symbolisent les quatre allées qui, au sein du cloître du monastère, forment une croix avec une fontaine en son centre. Les références à un temps où les fleurs ne fanent jamais et où de riches breuvages coulent de fontaines sacrées inondent ainsi la littérature et l’art à cette époque.

Deuxièmement, comme je vous le disais tantôt, j’ai été ravie de découvrir l’origine païenne de certaines traditions liées à la conception médiévale du jardin et de la végétation que Marie-Thérèse Haudebourg prend soin de développer. La tradition des jonchées de fleurs, que l’on retrouve dans de nombreuses fêtes et cérémonies médiévales d’importance, en est par exemple une belle illustration : elle remonte aux fêtes païennes et religieuses de la Grèce et de la Rome antiques, notamment à l’occasion de banquets où les tables étaient recouvertes de pétales et le sol dissimulé sous un tapis de fleurs.

Banquet
Jonchée de fleurs sur une fresque d’une maison à Pompéi 

Par la tradition païenne et biblique, l’homme du Moyen Âge a ainsi à l’esprit le caractère bucolique du temps sacré où règnent paix et harmonie. Avec le goût pour la fête et le divertissement, les jardins ont d’autre part gagné une place très importante dans la sphère artistique médiévale dont témoigne la littérature chevaleresque à partir du XIIe siècle. Les romans, broderies et peintures courtoises font de cet espace fleuri et paisible le lieu idéal des rendez-vous galants du chevalier et de sa dame. C’est que l’ambiance est romantique à la fin du Moyen Âge!

En bref, la lecture de ce livre vous permet de faire le tour des différentes facettes que recouvre la conception d’un jardin à cette époque et, de fait, de vous faire voyager dans un espace fleuri, bercé par le doux bruit d’une fontaine et des oiseaux chantant.

En plus d’être instructive, la lecture de cet ouvrage est très agréable et remarquablement accessible. C’est donc un bon livre à lire pour quitter le 21e siècle et s’évader tout en se reposant les méninges !


Charles Joret, La rose dans l’Antiquité et au Moyen Âge, histoire, légendes et symbolisme

La rose dans l'Antiquité et au Moyen Âge 2

Pour rester dans une ambiance verte et champêtre, je vous recommande également le livre de Charles Joret qui explore l’histoire et le symbolisme de la rose dans l’Antiquité et au Moyen Âge. Un peu plus approfondi que le précédent mais non moins agréable à lire, cet ouvrage m’a été fort utile pour des recherches sur la place de cette fleur dans l’histoire. Parce que vous ne le savez peut-être pas chers abonnés d’aujourd’hui, mais le site avait pour nom La rose savante avant de prendre celui d’Un souffle d’histoires (petit funfact). La rose a donc une place importante dans l’histoire du site, ce qui explique en partie pourquoi je me plais tant à étudier son symbolisme dans l’histoire. En plus d’avoir une place particulière dans la mythologie romaine (la rose n’est-elle pas l’attribut par excellence de Vénus ?), elle bénéficie d’une attention similaire dans la tradition chrétienne : la fleur sera très tôt rapportée au temps éternel, notamment chez le poète Dracontius qui place Adam et Eve au milieu des fleurs et des vastes bosquets de roses. Par ailleurs, à la suite de Saint Ambroise qui assimile au IVe siècle la rose au sang du Seigneur, un poète du XIVe siècle évoque la rose du sang provenant de la chair du Christ.

Madonna of the Rose garden 1448
Stefan Lochner, La Vierge au rosier, vers 1448, Wallraf-Richartz Museum, Cologne

Outre l’analyse du symbolisme de la rose, il est également question dans ce livre de son usage pratique : il était en effet courant de l’utiliser dans la pharmacopée, la cuisine et la toilette. Deux chapitres portant sur ce sujet sont très éclairants sur l’emploi des pétales écrasées, de l’huile de rose et de son suc dans la sphère médicinale dans ces différentes périodes.

En bref, cette fleur traverse les siècles et son symbolisme ne cesse de s’accroître au fil du temps. Il s’agit donc d’un vrai voyage fleuri auquel nous invite ce livre : entre mythologie, histoire et art, cet ouvrage a tout pour vous régaler !

Je vous mets également un aperçu du contenu du livre, histoire qu’il vous donne encore plus envie de l’ajouter à votre pile de lecture 😉.

SOMMAIRE

Première Partie : La rose dans l’Antiquité

Chapitre 1. Des espèces de roses connues dans l’Antiquité

Chapitre 2.  Culture de la rose dans l’Antiquité

Chapitre 3. La rose dans les légendes et dans la poésie des Grecs et des Romains

Chapitre 4. Usage de la rose chez les Grecs et les Romains

Chapitre 5. La rose dans l’ancien Orient

Chapitre 6. La rose dans la pharmacopée grecque et romaine

Deuxième Partie : La rose au Moyen Âge

Chapitre 1. Culture de la rose dans l’Orient et dans l’Occident

Chapitre 2. La rose dans les légendes et dans la poésie de l’Orient. La rose et le rossignol

Chapitre 3. La rose dans les légendes chrétiennes

Chapitre 4. La rose dans les légendes profanes et dans la poésie de l’Occident

Chapitre 5. La rose dans les usages de la vie, dans le culte et dans l’art

Chapitre 6. La rose dans la pharmacopée et dans l’art culinaire

Bon voyage en compagnie de Mère Nature !

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