Fils de pape, enfant de courtisane, cardinal défroqué amoureux de sa soeur… Que d’éléments scabreux qui ne manquent pas d’alourdir la sombre histoire qui entoure César Borgia. Pourtant, cela n’empêche pas Machiavel de faire l’éloge de sa conduite dont il loue la rationalité politique dans Le Prince. Alors, monstre ou prince ? Telle est la question…
Fils de pape
Tout commence avec son père, sans doute le plus scandaleux des papes, le très célèbre et controversé Rodrigo Borgia. Né en 1431 et décédé en 1503, Rodrigo intégra l’université de Bologne où il étudia le droit civil et canonique. Bien que se préparant à une carrière au sein de l’Eglise, Rodrigo n’en demeura pas moins un homme polyvalent ; ” Chasseur intrépide et infatigable, il égalait les meilleurs tireurs à l’arquebuse et au pistolet, mais il montrait une égale ardeur pour l’étude, spécialement des lettres et des sciences“[1]. Cependant, surnommé par ses contemporains “il più carnal uomo” (le plus carné des hommes), son activité favorite était la recherche de plaisirs charnels. Oui, oui, bien qu’ayant vêtu l’habit de cardinal et étant devenu vice-chancelier de l’Eglise romaine, puis pape en 1492 sous le nom d’Alexandre VI, Rodrigo eut pas moins de six enfants : Pedro-Luis, né en 1468, et Géronima, venue au monde un an après son ainé. Tous deux morts jeunes, ces enfants furent certainement engendrés par la même mère. Puis, de son union avec la patricienne romaine, Vannozza Cattanei, sont issus quatre enfants : César, Jean, Lucrèce et Jofre. Avoir un enfant pour un homme d’Eglise, c’est déjà limite, mais six ! C’est plus que ce que le Saint-Siège peut supporter ! Il était donc urgent d’arranger la situation : Rodrigo fit en sorte que son amante se marie afin de camoufler leurs fautes. C’est ainsi qu’elle devint l’épouse successive de Dominique D’Arignano, Giorgio de Croce et Carlo Canale.
Entre le glaive et la croix
En ce qui concerne César, celui-ci nait probablement vers 1474-1475 à Rome et décède le 12 mai 1507, près de Viana en Espagne. Comme ses deux frères et sa sœur, il est éduqué par la cousine de leur père, Adriana Mila. Il reçoit une éducation de grande qualité et ses premiers précepteurs voient en lui un élève exceptionnellement brillant. Malgré son manque d’enthousiasme, César est destiné à entrer dans les ordres, à l’image de son père. Petit problème : un fils de cardinal peut-il réellement rejoindre la communauté ecclésiastique alors qu’il a été engendré dans le péché ? Fort heureusement pour Rodrigo qui souhaite grandement que son fils suive ses traces et embrasse une carrière cléricale, Sixte IV dispense César de prouver la légitimité de sa naissance en 1480. Après quoi il amasse un certain nombre de privilèges et est alors nommé protonotaire apostolique, chanoine de la cathédrale de Valence et trésorier de l’évêché de Carthagène, ce qui, il faut le reconnaître, est plutôt pas mal pour un jeune garçon d’à peine dix ans.
En 1489, César est envoyé à Pérouse accompagné de son précepteur où il se consacre aux études du droit et des humanités. Il est ensuite inscrit à l’université de Pise où il suit des cours de théologie. En outre, l’accession au trône pontifical de son père en 1492 lui permet de devenir cardinal le 20 septembre 1493, bien qu’il n’ait pas de réelle vocation religieuse. Parallèlement, César reçoit le titre de gouverneur d’Orvieto, ce qui lui permet de faire son entrée dans la politique auprès de son père. Mais la politique l’éloigne peu à peu de son devoir envers l’Eglise. Ainsi, le 17 août 1498, au lendemain des fêtes du mariage de sa sœur Lucrèce, César dépose l’habit et les dignités ecclésiastiques avec la plus grande des joies afin d’ “entrer dans le monde“. Dans un premier temps, il semblerait que son père se soit fermement opposé à cette décision qui aurait pour cause, selon les rumeurs, un certain amour pour une dame. En effet, il aurait proposé à son jeune frère Jofre de lui échanger le titre de cardinal contre sa fiancée, Sancia, que le spécialiste de la Renaissance italienne, Marcel Brion, décrit comme dotée d’une “beauté chaude et vive qu’elle avait, par cette nature ardente qui s’accommodait mal d’une vie conjugale incomplète” (p130). Pourtant, l’auteur de l’ouvrage Les Borgia refuse d’accorder crédit à cette rumeur.

Après les tumultes suscitées par cette décision, César présente son souhait de quitter officiellement l’Eglise au consistoire sans oublier d’insister sur son absence d’intérêt pour la vie ecclésiastique. C’est alors qu’il a été convenu, lors de la réunion du 17 août 1498, que la décision reposerait sur les épaules du souverain pontife (autrement dit, sur les épaules de papa). C’est ainsi qu’Alexandre VI accepte malgré lui que son fils quitte le Sacré collège. Cependant, une inquiétude habite leur esprit : comment compenser la perte des biens et privilèges acquis grâce à l’Eglise et auxquels il doit renoncer en quittant la maison de Dieu ?
Entrée en scène du roi de France
Le 7 avril 1498, Alexandre VI envoie son fils en France afin de saluer le nouveau roi en tant qu’ambassadeur laïc et de lui assurer son consentement à l’annulation de son mariage avec la fille de Louis XI, dite “Jeanne la boiteuse”. Dans un souci d’annulation de son mariage pour laquelle le soutien du pape est nécessaire, Louis XII offre au fils de ce dernier le duché de Valence[2], le comté de Die et la seigneurie d’Issoudun.

Tous ces privilèges lui permettraient assurément de ne pas diminuer son train de vie… Il lui propose également de guerroyer en son nom à la tête de l’armée française jusqu’à ce qu’il ait suffisamment de pouvoir pour le faire avec sa propre armée. En lui promettant monts et merveilles, le souverain de France espère ainsi recevoir du pape une bulle pontificale le délivrant de son premier mariage afin d’épouser la femme de son prédécesseur, Anne de Bretagne. C’est chose faite: le voilà délivré de son épouse grâce à Alexandre VI et à son fils. Ce dernier en est d’ailleurs gracieusement récompensé. À Chinon, où se trouve alors la cour, il reçoit la main de Charlotte d’Albret, sœur du roi de Navarre, que l’on tient en haute estime. Bien que peu favorable à ce mariage dans un premier temps, son beau-père, le comte de Guyenne, finit par accepter cette union. C’est qu’à défaut d’avoir bonne réputation, les Borgia ont des biens en abondance et une fortune qui leur assureraient une vie plus qu’honorable.
Le mariage est célébré le 12 mai 1499 et la lune de miel ne dure pas moins de quatre mois. Evidement, César ne manque pas de vanter ses exploits conjugaux après que le mariage ait été consommé. Mais ce n’est pas ce que tout le monde dit… Aller, prêtons les oreilles aux commérages pour une fois et écoutons la version donnée par Robert de La Marck, seigneur de Fleuranges dans ses Mémoires : « César avait demandé à un apothicaire de lui fournir des pilules aphrodisiaques, mais celui-ci, soit par malignité, soit par erreur, lui aurait donné des pilules laxatives, tellement que toute la nuit il ne cessa d’aller au retrait, comme en firent les dames le rapport le matin suivant ». Mais pour sauvegarder un tant soit peu la virilité de notre ami César, on choisira de ne garder de cette fameuse nuit que ce que son épouse raconte avec enthousiasme à son beau-père à travers une lettre dans laquelle elle se réjouit des ébats amoureux de son conjoint.
César rentre ensuite en Italie avec deux mille chevaux et six mille fantassins français à ses côtés. À la fois craint et admiré, César Borgia devient un homme à forte influence, dont la puissance ne cesse de croître de jour en jour…
Une guerre fâcheuse
Si la conquête française du Milanais est une priorité pour Louis XII, tout le monde sait fort bien que la cible suivante serait Naples. En effet, le roi de France souhaite ardemment arracher cette cité des mains des Aragonais, ce qui alarme profondément l’époux de Lucrèce Borgia, Alphonse d’Aragon. Il ressent alors le besoin de consolider ses liens avec la papauté, d’autant plus que Lucrèce, enceinte, perd l’enfant tant attendu lors d’une partie de chasse et l’annonce d’une grossesse deux moins après n’allège en rien la détresse du couple. Plus les troupes françaises se rapprochent de Milan, plus la pression monte pour les Aragonais. C’est alors qu’un beau jour, Alphonse cède à la panique et quitte Rome précipitamment en y laissant son épouse. Puis les événements s’enchainent rapidement : le 2 septembre, les Français arrivent à Milan et la citadelle tombe quinze jours plus tard. Le duc de Milan, Ludovic Sforza, n’a alors d’autre choix que de s’enfuir tandis que Louis XII entre officiellement dans la ville le 6 octobre avec, à ses côtés, nul autre que César Borgia.
Le 15 juillet 1500, le mari de Lucrèce, Alphonse, est subitement attaqué alors qu’il se rend au Vatican. Aidé par le peuple et son épouse, il survit malgré tout. Manque de chance, César rend visite à son beau-frère un mois plus tard pour le «protéger» avec ses hommes de main. Ayant compris les intentions cachées de son frère, Lucrèce tente de l’en empêcher mais le fidèle serviteur de César, Michelotto, étrangle le blessé dans son lit. Scène dramatique digne d’une oeuvre shakespearienne !
Désormais veuve, Lucrèce épouse l’héritier des ducs de Ferrare, permettant à son frère de devenir par la même occasion le duc de Romagne. Hop une pierre deux coups, César se débarrasse d’un beau-frère encombrant et augmente sa puissance et sa richesse ! Mais le vent tourne pour le gonfalonier de l’Eglise lorsque ce dernier apprend que ses condottieri (les Orsini, les Vitelli, les Baglioni, Montefeltro d’Urbino…) se liguent contre lui. Il décide alors d’organiser une réconciliation au château de Sinigaglia le 31 décembre 1502. Au milieu du banquet, alors que tous se divertissent, il les fait arrêter puis étrangler. En bon hôte, César sait effectivement prendre soin de ses invités. Un peu comme Walder Frey [3]…
Retournement de situation
1503 est une année d’infortune pour la famille Borgia. Le 10 août, Alexandre VI et son fils assistent à un banquet chez Adriano Castelli, nommé récemment cardinal. Le pape meurt huit jours plus tard. Empoisonné ? Peut-être… Mais Rome sait rebondir prestement et, sans perdre de temps, élit rapidement un nouveau pape.

Francesco Todeschini Piccolomini devient souverain de Rome sous le nom de Pie III. Mais seulement un mois après son élection, l’âme du pape fraichement élu quitte son corps et laisse le trône pontifical entre les mains du fameux Della Rovere qui prend alors le nom de Jules II. Il faut savoir que du temps d’Alexandre VI, Giuliano Della Rovere était un ennemi des Borgia qu’il méprisait profondément. Il dénonçait en effet chez Rodrigo la possession de vices peu digne d’un homme d’Eglise. Il n’est donc pas surprenant que le pape fasse tout son possible pour réduire à néant la puissance de César. Alors que celui-ci se rend en Romagne pour contrer une révolte, il est capturé et emprisonné près de Pérouse par le seigneur de la ville, Gian Paolo Baglioni. C’est ainsi que s’amorce une chute longue et douloureuse… Le pape s’applique à démembrer son domaine et à s’emparer de ses possessions. Quant à César, il est livré au roi d’Espagne en 1504 et emprisonné à la forteresse de Medina del Campo. Mais rassurez-vous, le jeune Borgia a plus d’une corde à son arc et, en homme habile et intelligent, parvient à s’évader et à entrer au service du frère de son épouse, Jean III de Navarre. Hélas, le temps du répit est bref : alors âgé de 31 ans, César Borgia meurt au cours du siège de Viana le 10 mars 1507, pris au piège dans une embuscade.

Monstre ou prince ?
Dans son ouvrage intitulé Mémoires pour servir à l’histoire de la vie de César Borgia, Duc de Valentinois, Tommaso Tommasi, historien du XVIIe siècle, ne voit en ce fils de pape qu’un monstre, et c’est précisément parce que Rodrigo avait conscience des capacités de son fils à s’émanciper des contraintes morales qu’il l’affectionnait particulièrement : « pour son grand cœur (c’est-à-dire sa hardiesse à entreprendre), la vivacité de son esprit, et la cruauté de son naturel, qui (…) le faisoient juger capable de parvenir un jour aux plus augustes faveurs de la fortune ». Il explique ainsi que sa mère s’efforça de développer la monstruosité qui habitait alors son enfant. Il faut dire que le petit César, de par son affiliation, était bien paré dès la naissance : Alexandre VI et Vanozza… C’était pas de la rigolade ! Tommaso Tommasi souligne en effet qu’il reçut, ainsi que ses frères, « l’éducation et exemples de sa malicieuse et rusée mère, qui ne pouvoit donner, étant une source impure, que des eaux troubles (…) ».
Pourtant, l’historien de l’art Marcel Brion réhabilite la figure de Vanozza, accusant les historiens d’avoir insisté sur ses vices afin de se considérer eux-mêmes comme exemples de vertu. Le romancier va plus loin en réhabilitant également les autres membres de la famille Borgia. Il explique en effet que des personnages historiques tels qu’Alexandre VI et son fils paraissent aujourd’hui tout à fait exceptionnels mais que, pris dans le contexte qui était le leur, ils n’ont rien qui ne sorte de l’ordinaire, si ce n’est un esprit vif et ambitieux. Sans pour autant déprécier ce qu’ils étaient, il rapporte dans l’introduction de son ouvrage sur les Borgia que l’histoire de cette famille est bien moins «pittoresque et romanesque» que ne l’ont prétendu les romanciers et les historiens. Certes, César Borgia est un chef de guerre confiant et intrépide, mais il n’est pas pour autant un monstre. Ils sont tout au plus des personnages parfaitement conformes à la culture dans laquelle ils baignent ; il est en effet légitime de souligner le climat de luxure qui régnait à la Renaissance en Italie, la légèreté des moeurs et la notion de bien et de mal qui était tout autre à cette époque. De surcroît, Brion justifie la « malice et la calomnie » dont tous deux, père et fils, ont souvent fait preuve, par la nécessité de parvenir à leurs fins coûte que coûte étant donné leurs responsabilités. S’ils étaient en effet coupables des pires violences, au moins pouvons-nous leur épargner l’adjectif « hypocrites». Ils ne cherchaient pas à dissimuler leurs faits et gestes subreptices et fourbes que la gestion et l’administration des charges qui reposaient sur leurs épaules pouvaient impliquer. Ainsi, la moralité de César « était celle des condottieri de ce temps ; comme eux, le sentiment de l’ « efficacité » faisait paraître licites des violences ou des ruses que l’on blâme hypocritement aujourd’hui (..)”.
Pour ce qui est des rumeurs concernant la vie poussée à l’excès de César Borgia, on ne sait réellement si celles-ci sont vraies ou si, au contraire, elles ne sont que de simples ragots colportés avec le temps. Mais puisque ce sont justement ces rumeurs qui sont ce qui ressort de plus croustillant dans la vie de l’aventureux César, il serait dommage de ne pas les évoquer. On dit de lui qu’il fut l’assassin de son frère, Juan, mort en 1497 et dont le corps, poignardé, fut retrouvé dans le Tibre. Il est alors soupçonné du crime, qu’il aurait commis soit pour des raisons politiques, soit par jalousie. La deuxième rumeur, qui est sûrement la plus intéressante, est sa liaison pour le moins ambiguë qu’il entretenait avec sa sœur Lucrèce dont il aurait été amoureux. Mais il semble important de prendre du recul, comme semble le faire Brion, en tenant compte du fait que ces rumeurs, de même que les descriptions contemporaines de ce personnage, ont été façonnées par des personnes qui avaient souvent en horreur les Borgia et qui avaient tout intérêt à ternir la réputation d’une famille aussi riche et puissante. Nombreux sont les ennemis qui, pour arriver à leurs fins, répandent d’immondes calomnies sur leurs ennemis.

D’autres vont plus loin que replacer la famille dans son contexte politique et historique et relativiser sa légèreté morale en accordant à César un portrait des plus flatteurs: Gian Andrea Boccaccio, évêque de Modena et ambassadeur du duc de Ferrare, le décrit comme un homme tout à fait charmant : «Avant-hier, j’ai trouvé César chez lui, au Trastevere. Il était sur le point de sortir pour aller à la chasse et entièrement en vêtement laïque, c’est-à-dire vêtu de soie et armé. Tout en chevauchant ensemble, nous parlâmes un moment. Je suis parmi ses relations les plus intimes. C’est un homme de grand talent et d’une excellente nature ; ses manières sont celles du fils d’un grand prince : il est surtout d’un caractère joyeux et gai. Il est très moderne, très supérieur et de bien meilleure apparence que le duc de Gandia, qui n’est pourtant pas à court de dons naturels». Mais une fois de plus, est-il réellement aussi sympathique que semble l’affirmer Boccaccio ou ne serait-ce pas là un zèle influencé par l’amitié qui le lie au jeune Borgia ?
Les témoignages et les recherches historiques ont démontré la complexité d’un tel personnage qui, bien que cruel aux premiers abords, est à prendre dans un contexte culturel particulier. Finalement, peut-être que le caractère monstrueux et la noblesse politique d’un prince que semblent lui conférer certains ne sont que les deux faces d’une même pièce. Mais nous pouvons être sûrs d’une chose ; César était un homme des plus intelligents, un fin stratège qui n’avait de cesse que ses intérêts et ceux de sa famille soient respectés, et, en cela, força l’admiration de plus d’uns ; « A l’astuce, il sut tout jeune allier la vigueur et l’audace. Renard et lion, entier en ces deux parties (…), c’est bien un personnage de Machiavel, c’est bien le type que Machiavel fixera, c’est bien son homme »[4].
[1] Marcel Brion, Les Borgia, Editions Tallandier, Paris, p29
[2] Ayant renoncé à l’évêché de Valence, César reçoit du roi de France le duché de ce diocèse
[3] Petite référence à Game of Thrones…
[4] Charles Benoist, dans l’article César Borgia : I : La préparation du chef-d’oeuvre datant de 1906.
Sources :
Ivan Cloulas, César Borgia ; Fils de pape, prince et aventurier, Editions Tallandier, Paris, 2013, p121.
Marcel Brion, Les Borgia, Editions Tallandier, Paris, 2011.
Tommaso Tommasi, Mémoires pour servir à l’histoire de la vie de César Borgia, Duc de Valentinois, T. 2, Amsterdam, Pierre Mortier, 1739.
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