Cette fois, je ne vous parlerai pas de personnages au destin incroyable, ni d’événements qui changèrent la face de l’histoire, mais simplement de mon semestre passé dans la belle ville de Florence. Attendez, ne partez pas, histoire et patrimoine sont au rendez-vous !
Il ne s’agit pas de raconter ma vie mais de partager mon expérience dans une ville où la culture est omniprésente. Des églises au street art, qui fait aujourd’hui partie intégrante de l’identité de la ville, chaque coin de rue cache un lieu historique, une manifestation de l’art florentin ou encore un atelier artisanal dont le nombre est particulièrement impressionnant. Aussi me permettrais-je l’audacieuse comparaison de la ville à une caverne d’Ali Baba, dont chaque diamant est un lieu qui nous éblouit par sa beauté et son histoire, et dont l’attraction qu’elle suscite fait de Florence le joyau de la Toscane.

Florence m’a toujours intriguée : berceau de la Renaissance et siège de la puissance Médicis, elle a créé sa propre histoire, indépendamment des autres cités italiennes. Car, contrairement à la France, l’Italie ne connut une unité identitaire qu’au XIXe siècle : avant son unification tardive, la péninsule italienne était en effet un territoire morcelé entre les cinq principautés indépendantes qu’étaient Rome, Naples, Venise, Florence et Milan, ce qui explique selon moi l’impression de découvrir un pays à part entière en visitant chacune de ces villes.
Ainsi, lorsque j’ai découvert que l’Institut Catholique de Paris, au sein de laquelle j’effectuais ma licence, possédait un partenariat avec l’Institut Lorenzo de Medici à Florence, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion pour vivre ce qui s’avérera être la plus belle expérience de ma vie. Voilà comment j’ai atterri fin août 2017 dans un appartement dans la rue de’ Ginori, à deux pas de la place San Lorenzo (oui, j’ai eu du bol). J’ai eu la chance d’y vivre en compagnie de filles qui venaient des quatre coins du monde, et plus précisément de la Belgique, du Danemark, de la Suède, de la Colombie et des Etats-Unis. Vous l’aurez compris, avec six filles venant d’horizons complètement différents, l’appartement était très multiculturel. Je me suis tout de suite très bien entendu avec elles, et nous nous retrouvons régulièrement à Florence pour vivre à nouveau ces instants magiques que nous avons passés ensemble durant six mois (oui séjour court, mais ô combien intense).


En ce qui concerne mes études (car bien que mon semestre ait eu des allures de vacances, il s’agissait avant tout d’y effectuait le 1er semestre de ma 3e année de licence), j’ai eu la chance de pouvoir choisir moi-même les quelques cours auxquels je devais assister et que je devais valider. Sans surprise, je me suis tout de suite tournée vers les cours d’histoire : j’ai décidé de suivre le cours sur la culture et la civilisation italienne à la Renaissance, celui sur la mythologie et la société gréco-romaine et, enfin, celui sur la création de l’Europe, de l’Antiquité à la Révolution française (auxquels s’ajoute évidemment des cours d’italien quatre fois par semaine). Me lever le matin pour aller en cours était donc un véritable plaisir : après avoir traversé la place San Lorenzo, c’était deux heures de pur bonheur où l’on parlait histoire et où l’on échangeait entre étudiants sur nos impressions et nos points de vue. Le suivi des cours était d’autant plus agréable que des boissons chaudes et des viennoiseries étaient très souvent en libre-service pendant les pauses. Et ça, ça fait la différence.
Je ne sais trop par quel miracle je suis parvenue à ce résultat, mais j’ai réussi à agencer mon emploi du temps de sorte à avoir systématiquement cours le matin afin d’avoir l’après-midi de libre (excepté un cours d’italien en fin de journée), ce qui était fort utile pour partir à la découverte de la ville l’après-midi ! Après mes deux heures de cours qui terminaient à 12h et après m’être régalé avec un bon plat de pâtes italiennes (mon petit péché mignon), je partais les premières semaines à la découverte des sites les plus connus de Florence, tels que les Offices, la Cathédrale Santa Maria del Fiore, la basilique Santa Maria Novella, la Basilique Santa Croce, les places San Lorenzo, della Republica, de la Signioria, du Duomo, et les palais Vecchio, Pitti… J’ai adoré chacune de ces visites qui furent à la hauteur de la réputation de ces différents sites : Les Offices avec les Botticelli, le palais Vecchio avec ses fresques et ornementations muraux à couper le souffle et la place della Republica avec son carrousel … Tout était parfait.

Dans un second temps, je me suis attaquée aux sites qu’on pourrait qualifier de « secondaires », avec, entre autres, le musée de Galilée, le musée de Léonard de Vinci, le musée de Dante, l’Ospidale degli innocenti, la Basilique San Miniato al Monte et le musée Gucci. Si j’ai été déçue par le musée sur Léonard de Vinci qui était loin d’être aussi instructif que celui de Milan, j’ai adoré mes visites du musée Galilée, avec l’exposition de ses divers outils scientifiques, et du musée Gucci, avec des fresques aussi originales que colorées !




Gucci Garden
Dans un troisième temps, je me suis intéressée aux lieux culturels de moindre importance en termes d’attraction touristique mais tout aussi intéressants que les précédemment cités. L’attraction touristique des gros sites évoqués plus haut étant cependant ce qu’elle est, il fut difficile de dénicher les adresses de ces lieux méconnus dans la mesure où les guides de la ville dédiaient la majeure partie de leurs pages aux sites les plus importants. Par chance, l’institut Lorenzo de Medici savait à merveille s’occupait de ses étudiants et leur faire découvrir la magie florentine : de nombreuses activités étaient organisées autour de la découverte de la ville, comme la visite de boutiques historiques et d’ateliers artisanaux où l’on avait la chance d’échanger avec les artisans, les maestri, qui nous partageaient leurs savoir-faire et qui nous racontaient la genèse de leurs aventures.
Un exemple qui m’a particulièrement marquée est la visite de l’I mosaici di Lastrucci, un petit atelier de mosaïque situé via dei Macci, 9. C’est une petite merveille pour tous les amoureux de la culture et de l’histoire italienne. En effet, son utilisation des techniques du XVIe siècle fait sa singularité : il s’agit du “commesso Fiorentino“, que l’on traduit par “mosaïque florentine”.


Très apprécié par la fameuse famille Médicis, ce procédé artistique désigne la fixation de morceaux de pierres dures (“pietra dura”) ou semi-précieuses de natures et de couleurs différentes, plus grandes que celles utilisées par la mosaïque traditionnelle. Certaines d’entre elles viennent de Florence ou d’autres villes toscanes (Chianti, Fiesole…). D’autres encore viennent de pays étrangers, à l’instar de l’Afrique du Sud ou de l’Afghanistan. Ces pierres sont sélectionnées pour leurs couleurs, mais aussi pour leur brillance et leur opacité. Il s’agit d’un art unique dont seuls les artisans de cet atelier détiennent aujourd’hui le secret…

Parallèlement à toutes ces découvertes, je me plaisais à errer dans la ville et à me perdre dans les rues, à me poser seule près de l’Arno pour admirer le coucher du soleil en écrivant quelques pages ou en gribouillant quelques esquisses de dessins. J’aimais également sortir boire un verre avec mes amis le soir sur un rooftop avec une vue imprenable sur la ville, prendre un bon aperitivo comme il est coutume de le faire en Italie, profiter du talent reconnu des cuisiniers italiens en allant au restaurant et écouter de la musique au jazzclub. Ajoutons à cette énumération les agréables balades dans les jardins fleuris de Florence pour des petits moments de détente. Ce que j’appréciais beaucoup également, c’était traverser le Ponte-Vecchio, en en profitant bien sûr pour jeter un œil sur les vitrines des boutiques de joaillerie dont l’éclat attirait les passants comme le chant des sirènes attire les marins. Impossible d’y résister ! Après donc avoir perdu la notion du temps en contemplant la beauté de la joaillerie florentine, je finissais finalement par quitter le Ponte-Vecchio pour rejoindre l’autre côté de l’Arno. De ce côté, j’y ai découvert de nombreux cafés comme le Ditta Artigianale et le Libreria Cafe la Cité où il était agréable de se poser pour travailler mes cours ou avancer sur mon site avec un bon capuccino ou une bonne boisson rafraichissante. Une belle routine s’était donc installée naturellement entre les allers et venus dans la ville et les moments passés à l’appartement.



Un jour cependant où je rentrais de mon cours d’italien, je me suis rendue compte que je ne prenais plus le temps d’observer l’environnement dans lequel je marchais. Je m’étais habituée à la ville et la routine avait changé ma façon de la contempler. Je n’étais plus ici comme une touriste ; j’étais ici chez moi. Bien que la situation me satisfît d’une certaine façon (car il est toujours agréable de se sentir chez soi), j’ai senti qu’il fallait que je retrouve ma place de touriste pour continuer à apprécier la beauté de Florence, à continuer à la voir avec des yeux émerveillés et un cœur plein de gratitude. Je savais que cette aventure se terminerait incessamment sous peu et qu’il fallait que je prenne soin d’en apprécier chaque moment.



Voilà, c’était le témoignage d’une jeune passionnée propulsée dans un rêve, dans une bulle où le temps semblait s’être arrêté. J’avais envie de partager avec vous cette expérience car elle explique en partie le nombre important d’articles dédiés à l’histoire italienne, comparée à celle des autres pays. Je suis tombée amoureuse de cette ville, et plus largement de ce pays, et aime me perdre dans les histoires de ses personnages. De César Borgia à Savonarole en passant par Pétrarque, ou encore par la découverte du street art florentin et par ma visite des ruines de Pompéi, je vous laisse voyager à votre tour dans ce beau pays qu’est l’Italie. Profitez-en, le voyage est gratuit 😉.
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