La Casa de Pilatos : une demeure pleine de charme

Après avoir visité le magnifique bijou de Séville qu’est l’Alcazar, j’ai continué à errer dans la ville à l’affut de la moindre pépite culturelle. Il est vrai que l’Alcazar avait déjà mis la barre haute. Mais grande fut ma surprise lorsque je découvris la Maison de Pilate (Casa de Pilatos). Oui, il s’agit bien du même nom que celui qui condamna Jésus il y a de cela deux mille ans. C’est que Faderique Enríquez de Ribera,en agrandissant la villa de ses parents, avait pour souhait de la réaliser à l’image du palais qu’occupait le préfet romain à Jérusalem. Enfin, peut-être n’est-ce là qu’une légende… Toujours est-il que ce lieu recèle bien des merveilles qui méritent d’être partagées, alors parez-vous de votre appareil photo et de votre casquette, et direction l’Andalousie !

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En 1483, le noble Pedro Enríquez de Quinones et son épouse, Catalina de Ribera, initient des travaux de construction d’une fastueuse maison dont ils augmentent considérablement la superficie au fil des années, en achetant des parcelles de terres environnant le terrain. La demeure est alors empreinte du style gothique et du style mudéjar, mouvement artistique dans lequel baigne l’Andalousie depuis la présence musulmane sur le territoire. Il s’agit d’une combinaison harmonieuse de l’art musulman et de l’art chrétien de la période médiévale. La présence d’ornements présentant des arabesques ou reprenant la forme des astres, que l’on trouve en abondance dans l’art mudéjar, manifeste en effet l’influence musulmane dans le choix du décor de la maison.

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Mais les travaux gagnent en ampleur sous l’impulsion du fils aîné du couple, le don Fadrique Enríquez de Ribera. Sans doute inspiré par son pèlerinage en Terre Sainte de 1518 et son passage dans les cités italiennes, Fabrique Enríquez de Ribera poursuit le développement de la maison et ajoute des éléments caractéristiques de l’art de la Renaissance.
Né sur le territoire italien, le style de la Renaissance se diffuse peu à peu à travers l’Europe à partir du XVIe siècle. De plus en plus de monuments des pays limitrophes présentent donc des éléments italianisants. La Maison de Pilate porte ainsi les marques de ce nouveau style architectural à partir des années 1530 : les plafonds à caisson et les ensembles de carreaux de faïences colorés (les azulejos) au niveau du patio illustrent bien cet exemple.

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A la mort de Fabrique Enríquez de Ribera, de nouveaux aménagements de la maison voient le jour. Etant décédé sans héritier, ce sera son neveu, Pedro Afán de Ribera, qui aura à cœur le développement et l’entretien de la maison.

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fontaine

Lorsque nous franchissons les murs de la Maison de Pilate, nous tombons immédiatement sous le charme du patio : un chef-d’œuvre à ciel ouvert qui présente une subtile combinaison des styles artistiques qui composent cette demeure: gothique, mudéjar et Renaissance. Malgré les différences de symboles représentés et de couleurs au niveau des azulejos, ces derniers forment un ensemble cohérent et élégant. On peut également relever la présence de vingt-quatre niches abritant des bustes d’illustres Romains ici et là du patio, à l’instar des empereurs Marc-Aurèle, Trajan, Tibère, ou encore de l’avocat et écrivain Cicéron… Ils sont là, trônant en majesté.

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Mais ces bustes romains sont loin d’être les seules références à l’Antiquité: de grandes statues peuvent être observées aux coins du patio, parmi lesquelles figurent deux statues d’Athéna, fille de Zeus et déesse grecque de la stratégie guerrière. Au centre du patio, nous découvrons également une jolie fontaine dont un groupe de dauphins soutient la partie supérieure avec, à son sommet, une statue de Janus.

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Quant aux pièces entourant le patio, elles présentent pareillement de somptueux éléments de décor : nous retrouvons à nouveau de riches azulejos couvrant les murs et arborant des formes géométriques et des couleurs des plus variées.

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Aussi pouvons-nous découvrir la Chapelle de la Flagellation qui, malgré un nom qui annonce une ascèse assurée, est tout à fait remarquable. Enfin, c’est surtout le mur percé nous séparant de la chapelle qui nous éblouit et qui contraste avec la sobriété et l’obscurité de cette dernière.

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Dans une autre salle, on a la surprise de tomber nez à nez avec une peinture qui a de quoi nous intriguer… Vous savez, le tableau La femme à barbe réalisé par José Ribera au XVIIe siècle et qui, comme son nom l’indique, représente une femme à la barbe donnant le sein ! Si, si je vous assure ! Voyez plutôt :

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Vous ne vous y attendiez pas à celle là hein ? Moi non plus pour être honnête, mais c’est une curieuse rencontre qui force le sourire. Et c’est donc avec le sourire que je poursuivis ma visite et que je découvris… les splendeurs des jardins sévillans !

Bon je vous l’accorde, ce ne sont pas les jardins de l’Alcazar, ni ceux de l’Alhambra, certes, mais on y retrouve tout de même les éléments qui font d’un jardin un véritable havre de paix. Ou devrais-je dire, paradis ?

Les palmiers, orangers, magnolias et bougainvilliers encerclant une fontaine dans le Grand Jardin viennent confirmer cette idée.


J’espère que cette visite aura su vous transporter à Séville et vous convaincre de la beauté de la Maison de Pilate. Comme de coutume, je vous glisse quelques visuels supplémentaires, simplement pour le plaisir des yeux.

Et à bientôt pour de nouvelles aventures !

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4 commentaires sur « La Casa de Pilatos : une demeure pleine de charme »

  1. Excellente présentation. On voit que c’est un bijou caché et surtout un creuset de plusieurs styles et sensibilités artisitiques. J’ai été fortement touché par le fait que la maison concentre le renouveau humaniste, avec l’exaltation des personnages de l’Antiquité païenne, à une époque où la présence musulmane était encore dominante. Il y a là, une sorte de mise en dialogue entre les époques dont la langue commune est la beauté. Ça donne hyper envie d’aller visiter!

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