Communautés chrétiennes du Ier siècle – Edouard Cothenet

« Heureux qui peut savoir les origines des choses » disait Virgile. Ça tombe bien, je me suis intéressée aux origines du christianisme, et plus précisément aux premières communautés chrétiennes. Et il se trouve que j’ai sous la main l’ouvrage d’Edouard Cothenet (paru en 2015) qui étudie les communautés chrétiennes du Ier siècle. 

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L’enjeu de l’auteur est d’éclaircir l’origine et le développement du christianisme, devenue religion officielle de l’Empire romain sous l’ordre de Théodose à la fin du IVe siècle. Pour cela, le docteur en théologie analyse les caractéristiques du judaïsme afin de mieux appréhender la communauté chrétienne aux origines puisque celle-ci prend encrage dans la religion de Moïse. Après quoi Edouard Cothenet se penche sur la diffusion du christianisme, d’abord en Asie puis en Europe, à travers le rôle fondamental des apôtres. Enfin, le livre s’achève avec l’étude des communautés chrétiennes vers l’an 100.

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Charles le Brun, Entrée d’Alexandre le Grand dans Babylone, 1665, Louvre, Paris, ©Louvre/Grand-Palais

Edouard Cothenet remonte aux origines des origines, jusqu’à la volonté d’Alexandre le Grand de conquérir l’ensemble du monde oriental. Il parle d’une première mondialisation mettant à mal les particularismes locaux assujettis par la culture hellénique. Dans ce contexte, le peuple juif se distingue par un culte du monothéisme et par une morale intransigeante. De plus, le judaïsme, bien que composé de quatre courants principaux, définit une solide unité tant sur le plan religieux que sur le plan social, une unité qui perdure malgré la diaspora. Nous avons donc, dans cet ouvrage, une première approche de l’histoire et l’organisation du peuple juif, qui nous permet de mieux comprendre celles de la communauté chrétienne primitive puisque celle-ci se dessine comme un mouvement interne au judaïsme au cours du Ier siècle, singularisé par sa croyance au Christ et resté fidèle à la Loi de Moïse.

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Raphaël, Saint Paul prêchant à Athènes, 1513-1514, Victoria and Albert Museum, Londres

Puis, une grande place est également accordée dans ce livre à ce que les chrétiens nomment communément la « mission ». Représentant la raison d’être de l’Eglise, la mission est l’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ, c’est-à-dire le témoignage que le fils de Dieu, mort puis ressuscité, est le chemin vers la vérité. Selon les Evangiles, la mission fut clairement donnée aux disciples par Jésus lui-même. Cothenet insiste grandement sur le rôle majeur que jouèrent Pierre et Paul dans l’expansion du christianisme par le biais de la mission. L’auteur décide alors de suivre l’itinéraire de Paul et c’est à Antioche que commence la propagation du message évangélique, non sans difficultés… Les adeptes du message du Christ ont en effet du mal à s’accorder sur diverses questions d’ordre théologiques et sociétales, remettant en cause la nature même de l’Eglise, censée formée qu’un seul et unique corps. Vous le verrez dans ce livre, cela n’est pas chose facile ! A l’issue de ces querelles, les tensions s’apaisent pourtant et la propagation de la première épître de Pierre en Asie mineure est bien la preuve du succès de la mission. Tout est bien qui finit bien alors ? Oh non, loin de là chers lecteurs. Mais je vous laisse le découvrir par vous-mêmes si la lecture de cet ouvrage vous tente.

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Jusebe de Ripera, Les saints Pierre et Paul, 1616, Musée des Beaux-Arts, Strasbourg

Personnellement, ce qui m’a le plus intéressée est la partie sur l’évangélisation de Rome, capitale de l’Empire romain. Edouard Cothenet évoque alors la lettre de Clément aux Corinthiens qui décrit l’émergence du rôle de l’Eglise de Rome, puis le témoignage d’Irénée de Lyon qui, un siècle plus tard, insistera sur l’importance de l’église que Pierre et Paul fondèrent à Rome. La description des persécutions chrétiennes, prodiguées sous l’ordre de l’empereur Néron, est tout aussi poignante puisqu’elle m’a permis de comprendre les difficultés auxquelles sont confrontés les apôtres, des difficultés qui n’entachent cependant en rien leur amour pour Jésus Christ et leur volonté de propager sa gloire. Quand on y songe, c’est assez exceptionnel. 

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Henryk Siemiradzki, Persécution des Chrétiens sous Néron, XIXe siècle, Musée national de Varsovie

La lecture de ce livre est donc très enrichissante d’un point de vue historique. Nous ne sommes pas obligés d’être chrétien, ni même adeptes de toute forme de culte divin, afin d’apprécier cet ouvrage. Il nous suffit juste d’avoir un intérêt pour l’Histoire 🙂 . 

2 commentaires sur « Communautés chrétiennes du Ier siècle – Edouard Cothenet »

  1. Très bonne esquisse du livre. J’ai apprécié en particulier la thèse de l’auteur sur la première mondialisation que tu soulève et je retiens aussi le mot conclusif qui situe bien l’esprit avec lequel on doit aborder le livre. Je serais plus précis à l’heure de parler ou de définir la spécificité chrétienne face au judaïsme tel que tu l’exprimes. Mais de toute façon, je l’ai trouvé très bien. Merci encore

    1. Je te remercie de ton message encourageant. Il est certain qu’il s’agit d’un sujet qui demanderait plus de précision mais il est difficile de s’attarder sur la spécificité chrétienne face au judaïsme dans un bref article qui porte sur d’autres dimensions du christianisme :). Il serait d’ailleurs intéressant d’en faire un article !

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