En cette chaleur étouffante, je dois vous avouer que nulle envie ne me vient de passer une journée à rédiger un article engageant une quelconque réflexion. Mon intention se porta alors sur un sujet coquet pour le moins amusant, à savoir les astuces beauté de la Renaissance à l’instar de celles utilisées par la très séduisante Diane de Poitiers.
De nombreuses œuvres artistiques soulignent la beauté des femmes de cette époque. Nous pourrions prendre pour preuve les trois Grâces de la fresque Le printemps de Sandro Botticelli qui auraient été inspirées, dit-on, par la beauté de l’indépendante Catherine Sforza. Nous pourrions également évoquer le célèbre tableau La Joconde qui, par la magie de Léonard de Vinci, fixa à jamais la beauté de Mona Lisa. Mais ne nous y trompons pas, en plus de leur beauté naturelle, elles avaient bien sûr quelques astuces beauté sous la main. Le fameux cas de Diane de Poitiers est une illustration on ne peut plus pertinente ! En effet, nous avons à son sujet une petite anecdote croustillante pour tous les amateurs de la Renaissance, curieux d’apprendre les mœurs de la cour.

Ladite Diane est née en 1499 à Poitiers et devient dame d’honneur de Claude de France, femme de François Ier. L’acquisition de cette place est pour elle l’occasion de rencontrer Henri d’Orléans, futur Henri II. Après le retour d’Espagne de celui-ci, elle se voit attribuer la tâche de s’occuper de lui, qu’elle exécute d’ailleurs à la perfection… En effet, Diane devient la maitresse du jeune garçon, bien qu’elle soit de vingt ans son ainé. Comme quoi, l’amour n’a pas d’âge ! Car oui il s’agit bien d’amour puisqu’Henri est passionnément amoureux d’elle qui, par chance, perd son époux en 1531.
“Au tournoi de mars 1531, qui avait suivi le couronnement de la reine, Henri- il avait alors douze ans- avait abaissé devant elle sa lance et ses couleurs, lui rendant ainsi un hommage public remarqué de toute la Cour. Le temps était alors où un jeune gentilhomme choisissait une dame comme maîtresse, en tout bien tout honneur”.
Jean-François Solnon, Catherine de Médicis, perrin, P. 51
Après moult péripéties, Diane devient la maitresse officielle d’Henri et reçoit de sa part le fameux château de Chenonceau, le château d’Anet ainsi que de nombreux bijoux royaux, sans oublier le titre de duchesse de Valentinois en 1548. Mais la question que nous nous posons tous est comment une femme de vingt ans de plus parvient à susciter autant d’admiration du roi de France qu’est Henri II ?
Une taille fine, une peau extrêmement blanche, de la grâce et de l’élégance qui éclipsent le charme Médicis (puisque, rappelons-le, l’épouse d’Henri II n’est autre que Catherine de Medicis) font de Diane une femme qui suit les canons de beauté de l’époque, au point que beaucoup de peintres se sont inspirés d’elle pour leurs œuvres. Mais cela est-il réellement suffisant ? N’a-t-elle pas sous la main quelques astuces farfelues dont seul le médecin Ambroise Paré détient le secret ? La réponse se cache dans la sépulture de la défunte, ouverte en 2008, et étudié par le médecin légiste, Philippe Charlier. En effet, l’analyse de ses cheveux nous montre que le décès de l’amante royale le 26 avril 1566 est dû à un poison qu’elle prenait régulièrement sous le conseil du médecin de la cour. Ces études exposent une forte concentration d’or (considéré comme le seul matériau inaltérable) qu’elle prenait quotidiennement sous la forme d’une potion afin de sauvegarder la beauté et la fraicheur de son âge. En effet, les analyses des scientifiques révèlent qu’il y a entre cent et mille fois trop d’or dans ses cheveux! La prise de cette concoction d’ «aurum potabile» (d’or potable) est une recette bien connue des alchimistes qui lui permit d’obtenir un teint pâle mais qui, malheureusement, la mena doucement à sa perte. Cela lui procura également des problèmes osseux, une fragilité capillaire et une perte de dents importante… Quelle ironie du sort, n’est-ce pas, que de mourir en cherchant l’éternelle jeunesse ?

Outre cet épisode dramatique, l’épouse de Louis de Brézé sauvegarda très longtemps sa légendaire beauté que vint souligner le Seigneur de Brantôme, évoquant sa splendeur et sa grâce dans ses Mémoires à travers les lignes suivantes : « J’ai vu Madame la Duchesse de Valentinois en l’âge de soixante-dix ans aussi belle de face, aussi fraîche et aussi aimable comme en l’âge de trente ans ; aussi fut-elle fort aimée et servie d’un des grands Rois et valeureux du monde ». Un autre de ses secrets de beauté fut de plonger régulièrement sa tête dans de l’eau très froide. Par ailleurs, de nature assez sportive, elle montait à cheval quotidiennement durant deux à trois heures, chassait et nageait ce qui, je n’en doute pas, l’aidèrent à conserver une bonne santé. Ajoutons à cela que Diane de Poitiers prenait régulièrement des bains avec du lait d’ânesse. Cela peut paraître pour le moins douteux, mais, selon le médecin Adrien Baraniecki au XIXème siècle, cette technique était déjà utilisée dans l’Antiquité égyptienne par Cléopâtre elle-même ! Mais de cette information, nous ne sommes pas sûrs dans la mesure où aucun historien n’en fait mention. En revanche, le lait d’ânesse fut véritablement utilisé dans la sphère cosmétique par la belle Poppée, femme de l’empereur Néron.
Ainsi, nous pouvons constater que les astuces beauté de l’époque sont bien éloignées de celles que les femmes connaissent aujourd’hui et, au regard de cet exemple, j’ai envie de dire, tant mieux pour elles !