Pour avoir vécu quelques temps dans la belle ville de Florence, je peux vous dire que l’une des choses qui m’a le plus marquée est bien le street art florentin. Que l’on se trouve au centre de la ville ou de l’autre côté de l’Arno, les rues regorgent en effet de grafittis en tous genres. Voyez plutôt :








Les représentations artistiques les plus connues sont cependant celles faisant apparaître sous l’eau des personnages, historiques ou contemporains, avec un masque tuba. Pour comprendre cet art qui est loin d’illustrer des envies de l’auteur de noyer ces célébrités, il faut se pencher sur l’histoire florentine. Inutile de remonter très loin, un simple bond au XXe siècle fera l’affaire : dans la nuit du 3 au 4 novembre 1966, Florence connait en effet une inondation dont les conséquences furent le délogement de 50 000 familles et 6 000 boutiques détruites, à commencer par les commerces situés sur le Ponte Vecchio. La vague de boue créée par la crue de l’Arno provoque donc de grands ravages dans la ville, engloutissant de ce fait de nombreuses représentations artistiques…



Cependant, afin de ne pas se laisser abattre par cette catastrophe naturelle, certains artistes ont décidé d’exprimer le caractère éternel de l’art à travers leurs œuvres artistiques. C’est dans ce contexte qu’apparaissent les graffitis de l’artiste Blub, représentant des peintres, des musiciens ou encore des chanteurs, qui symbolisent l’art qui survit au temps. Des personnalités politiques à l’apogée de la ville de Florence figurent également sur les murs de la ville. Vous l’aurez compris, je pense aux fameux membres de la famille Médicis, maîtres de cette ville dès la fin du Moyen Âge. Le message est clair : quand bien même la ville se trouve noyée, l’art trouvera toujours un moyen de survivre, se faisant de ce fait éternel et plus fort que les caprices de la nature.







Le duc d’Urbino et son épouse à Arezzo, s’inspirant du tableau Le Triomphe de la chasteté…

Piero della Francesca, Le Triomphe de la chasteté, XVe siècle, Gli Uffizi
L’art de Blub est vraiment unique et fait aujourd’hui partie intégrante de la culture florentine. Ses fans ont même ouvert un compte Instagram dédié à son travail!
Je ne peux cependant évoquer le street art florentin sans mentionner le fameux Clet Abraham, un Street Artiste dont la mission est de faire sourire la ville en décorant, avec une touche humoristique, les panneaux de signalisation.




Aujourd’hui très connu, vous aurez peut-être la chance de le croiser dans sa boutique, située de l’autre côté de l’Arno, dont vous pouvez avoir un petit aperçu avec les visuels suivants:


L’artiste français utilise notamment cette expression artistique afin de dénoncer les limites de notre société, dénonciation qui pourrait bien l’amener en prison puisque son activité reste illégale. L’artiste en a d’ailleurs souffert à plusieurs reprises: Sa compagne a été interdite, lors d’un voyage à Osaka (Japon) en 2015, de quitter le territoire et d’entrer en contact avec Clet jusqu’à ce que celui-ci se livre à la police après avoir glissé des stickers sur des panneaux de signalisation…
Il est vrai que son travail est parfois sujet à des polémiques, comme la représentation du Christ crucifié ajoutée au panneau de “voie sans issue”.
Personnellement, j’aime beaucoup cet artiste qui, en plus d’exprimer un message par le biais de l’art, égaille les rues de Florence d’un style artistique qui contraste avec les œuvres de la Renaissance. Mais il est loin de partager son oeuvre uniquement dans la ville florentine. Vous pouvez également contempler son travail dans d’autres villes italiennes mais aussi, par exemple, en France, en Belgique, aux Etats-Unis, en Allemagne et en Espagne. Je n’ai malheureusement pas eu la chance de le croiser lors de mon séjour à Florence, ce qui me donne une bonne excuse pour y retourner incessamment sous peu!
Et pour conclure cet article, je vous présente Clet, représenté par Blub !

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