Bvlgari et les trésors de Rome : entre luxe et histoire

Pour les amateurs d’art, d’histoire et de luxe, j’ai de quoi satisfaire votre curiosité aujourd’hui. Faisons comme si vous n’aviez pas lu le titre de l’article et commençons par une petite devinette : je suis une marque italienne, initialement connue pour mon savoir-faire dans la joaillerie. Je représente à merveille la Dolce Vita et m’inspire audacieusement de l’héritage romain… Qui suis-je ?

Allez, un dernier indice : l’écriture même de mon nom fait référence à l’alphabet romain (merci à mon professeur de latin au lycée).

Alors ?

Il s’agit de…

Bvlgari bien sûr ! Peut-être aviez-vous déjà remarqué l’utilisation de la lettre “v” à la place du “u” comme chez les Romains.

Créée à Rome en 1884 par l’orfèvre grec Sotirios Boulgaris, cette Maison de joaillerie élit domicile dans la Via Sistina où sont vendues des pièces d’argenterie. En 1905, l’atelier prend pour nouvelle adresse la Via dei Condotti, qui devient le siège de l’entreprise (et qui l’est toujours aujourd’hui !). Ce magasin connaît un succès rapide et suscite l’engouement de l’aristocratie romaine. Pensez à la Dolce Vita et vous aurez un bel aperçu du succès de cette marque.

Quelques décennies plus tard, l’entreprise familiale étend son activité à l’international en ouvrant des boutiques à New-York, Paris, Genève et Monte Carlo. La maison se diversifie et se lance par la suite dans l’horlogerie, puis dans la parfumerie et les accessoires. Au début des années 2000, la marque prend un tournant en créant également une chaîne d’hôtels de luxe. On terminera cette petite odyssée de la marque avec l’année 2011, durant laquelle la société Bulgari a rejoint le groupe LVMH, qui veille à la préservation de son âme italienne.

Boutique historique de la via Condotti à Rome, rénovée par Peter Marino © Bulgari

Ce que je trouve fascinant avec cette Maison à la lisière du rêve et du fantasmé, c’est qu’elle s’inspire explicitement des vestiges de l’Antiquité pour ses créations. En témoigne sa fameuse collection Monete. Si vous êtes passionnés par l’Empire romain (27 av. J.-C. – 476 ap. J.-C.), cette collection devrait vous intéresser !

Depuis les années 60, la collection Monete présente en effet des montres et des bijoux avec de véritables pièces de monnaie antiques, frappées à l’effigie des empereurs comme l’exigeait la tradition à l’époque.

Collier Monete en or jaune ©Bvlgari

La montre Octo Roma Monete présente par exemple une authentique pièce datant du règne de l’empereur Constant (337-350 ap. J.-C.), l’un des fils de Constantin, avec comme inscription gravée sur le dos « TRIVMFATOR GENTIVM BARBARARVM » (« Ayant triomphé sur les nations barbares »). La forme octogonale du cadran n’est pas non plus sans rappeler l’architecture de la Basilique de Maxence et Constantin à Rome, construite sous l’initiative de l’empereur Constant et dont les voûtes sont semées de structures octogonales (voire la gravure de Piranesi ci-dessous). Finalement, porter du Bvlgari s’avère être une belle manière de prendre des cours d’histoire de l’art !

La montre Octo Roma Monete, © Bvlgari
La montre Octo Roma Monete, © Bvlgari
Giovanni Battista Piranesi, Vestiges de la Basilique Maxence et Constantin

Le pendentif Monete, épousant également une forme octogonale, présente lui-aussi des éléments antiques, magnifiés de façon à la fois élégante et audacieuse. Le couvercle de la montre est en effet coiffé d’un tétradrachme, c’est-à-dire d’une pièce de monnaie d’argent du monde antique grec, représentant le légendaire Alexandre le Grand, l’un des plus grands conquérants que l’histoire ait connus. De quoi sublimer ce magnifique bijoux façonné dans l’or rose 18kt et serti de diamants et de rubis. Voyez par vous-mêmes :

Le pendentif Monete ©WorldTempus

Créée dans les années 1940, la captivante collection Serpenti témoigne également de l’héritage antique de la marque. Le serpent enroulé, symbolisant l’immortalité, ornait en effet fréquemment les bracelets, ou encore les bagues et les colliers. Ces bijoux furent très souvent portés dans un but prophylactique (autrement dit, pour repousser le mal). Mais a-t-on vraiment besoin d’une raison pour porter de si belles parures ? Il me semble que l’amour du beau suffit.

Montre bracelet Serpenti en or jaune, diamants et émeraudes, 1962. Collection privée. Précédemment dans la collection personnelle d’Elizabeth Taylor © Antonio Barrella
Bracelet découvert à Pompéi, cité par René Joseph Ménard, Claude Sauvageot, La vie privée des anciens: La famille dans l’antiquité
 
Bracelet en forme de serpent enroulé avec décor d’écailles. Datation : Romain impérial. 1er siècle ap. J. -C., musée du Louvre, ©RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /Maurice et Pierre Chuzeville

Un dernier aspect dont je souhaitais vous parler est l’inspiration des lignes du Colisée dans un bijou (je sais, c’est classe). And the winner is : la bague B. Zero 1. Derrière ce nom, qui sonne à mes oreilles comme celui d’un satellite, se cache un bijou exceptionnel reprenant les lignes circulaires du Colisée, le plus grand amphithéâtre de tout l’Empire.

Bague B. Zero 1. D ©Bvlgari
Colisée ©Bvlgari

Installé au coeur de l’ancienne Rome impériale, Bvlgari sait s’inspirer des splendeurs de la Cité Eternelle pour ses créations. De quoi nous faire voyager à travers le temps et l’espace par le biais d’un savoir-faire unique et innovant. En somme, Bvlgari illustre à merveille le luxe italien et, surtout, la fameuse Dolce Vita !

Source de l’image d’en-tête : ©Bvlgari


Sources :

Bulgari, site officiel

Guiraud Hélène, “Un aspect de la bijouterie romaine : les bagues serpentiformes”, Pallas, 22/1975. pp. 79-87.

Judikael Hirel, “Bvlgari Octo Roma Monete, l’Empire romain au poignet”, Le Point, 21 juillet 2019.

WorldTempus (Swiss Watch Autority), Bulgari. Monete : Octo and high jewellery pendant watch, 17 juillet 2017.

 

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