On connait tous l’histoire de la Pucelle de Lorraine qui délivra Orléans du joug des Anglais et qui rendit possible le sacre de Charles VII à Reims, mais connaissons-nous réellement les différentes étapes qui, du village de Domremy, menèrent cette sainte au bûcher de Rouen ?
Triste sort qu’est celui de la petite Jeanne, jeune fille de 18 ans qui quitta son village et sa famille pour se lancer bravement dans une mission qui changea à jamais l’histoire de France. Comprendre qui était Jeanne dans son enfance et les différentes étapes de sa mission entre 1429 et 1431 est, selon moi, un enjeu important pour tout passionné d’histoire. Tel fut le défi de Jules Michelet dans son livre sobrement intitulé “Jeanne d’Arc”. L’historien relate son enfance et sa vocation, sa délivrance d’Orléans et le couronnement du roi de France, avant de se pencher sur la trahison dont souffrit Jeanne et qui mena celle-ci aux Anglais. Il décrit ensuite le procès , la tentation à laquelle elle a pu succomber un cours instant, avant d’évoquer le triste jour que représente le 30 mai 1431.
Fille de Jacques Darc (ou d’Arc) et d’Isabelle Romée, Jeanne était une “bien bonne fille, simple et douce” qui “allait volontiers à l’église et aux saints lieux. Elle filait, faisait le ménage, comme le font toutes les autres filles…“, d’après Haumette, une amie d’enfance. Avec sa famille, elle vécut entre la Lorraine et la Champagne, dans le village de Domremy. A cette époque, cette région souffre violemment des guerres incessantes qui l’entourent : du nord au sud, Bourguignons et Armagnacs s’affrontent sans relâche tandis que de l’est à l’ouest, le duc de Bourgogne et Charles VII se disputent la possession de Neufchâteau et ses alentours. C’est ainsi qu’elle eut pitié de la France qui, en plus des guerres, devait faire face à de nombreuses famines et épidémies : “La Pitié qu’il y avoit au royaume de France !“.
Wurtemberg Marie d’Orléans , Jeanne d’Arc, après 1837, musée Gallé-Juillet
A 12 ans, Jeanne a déjà connaissance du dessein que lui réserve le Seigneur mais décide de garder le silence et d’attendre ses 18 ans. Dès son enfance, elle a, en effet, des visions et des voix qui lui confient que la France a besoin d’elle. Saint Michel lui-même lui dit d’aller voir Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, pour que ce dernier la fasse mener au roi. Sa famille, pourtant, s’oppose fermement à ce projet et tente de la diriger vers le mariage. Elle obtient cependant l’appui de son oncle qui, selon son souhait, rencontre Baudricourt. Bien que le capitaine refuse de prendre au sérieux les propos de l’oncle, Jeanne décide malgré tout de se rendre elle-même à Vaucouleurs où elle logera, avec son oncle, chez la femme d’un charron qui se prit d’affection pour elle. Elle dit alors à Baudricourt qu’il s’agit de la volonté de Dieu de faire monter le dauphin sur le trône et qu’elle représente le moyen de parvenir à cette fin. Etonné fut le capitaine, peu habitué à se faire clouer le bec par une jeune fille, paysanne qui plus est. Croyant y desceller quelques marques de sorcellerie, Baudricourt consulte un curé qui la soupçonne aussitôt d’être l’allié du diable. Mais comme le souligne Michelet, le peuple, conquis, est bien décidé à la soutenir. Par la suite, Baudricourt, parait-il, demande l’autorisation de Charles VII de l’envoyer à la cour et, attendant la réponse, la fait conduire chez le duc de Lorraine qui souhaite la voir. De retour à Vaucouleurs, elle reçoit un messager du dauphin lui annonçant que ce dernier accepte de la rencontrer. Préparée par les gens de Vaucouleurs qui se cotisèrent pour lui acheter un cheval et un équipement, Jeanne d’Arc rejoint alors la cour de Charles VII en 1429…
A vous de découvrir comment la Pucelle de Lorraine convaincra Charles VII de lui laisser prendre les armes contre les Anglais et comment ces derniers réagiront face à cette fille de 18 ans qui leur fait pourtant si peur. Par ailleurs, ce livre est particulièrement intéressant car Jules Michelet explique avec précision les intérêts de chaque parti dans cette affaire. A titre d’exemple, on comprend pourquoi la Bourgogne, alors dirigée par Philippe le Bon, avait tout intérêt à vendre la Pucelle aux Anglais. Des raisons politiques et économiques sont évidement en jeu. D’autre part, l’auteur s’applique à décrire avec justesse le déroulement du procès, expliquant quels en ont été les enjeux, les différents acteurs et les différentes étapes.
Devéria Eugène, La mort de Jeanne d’Arc (1829), musée des Beaux-Arts, Angers
Ainsi, je recommande fortement la lecture de ce petit livre, dont la lecture est d’ailleurs très plaisante, pour tous les curieux d’en savoir plus sur un épisode houleux de la Guerre de Cent ans !